Chers fidèles,
Selon la sagesse de Dieu, impénétrable pour la raison humaine, mère Rafaela est partie pour le Royaume des Cieux. Alors que nous, les hommes et toute la communauté, faisions des plans concernant sa mission et que nous la considérions comme un solide pilier au sein de sa communauté, Dieu a trouvé nos plans vains, et Il nous dit: Vos plans ne sont pas les miens, «Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas Mes voies.» (Isaïe, 55 – 8) Dieu avait envisagé autre chose pour mère Rafaela, Il avait un autre chemin à lui faire emprunter, Il allait lui ouvrir une autre porte. Et, quand on s’y attendait le moins, elle a été appelée là où est appelée toute âme de moine, plus particulièrement, et généralement celle de tout chrétien.
Lors de la divine Liturgie célébrée ce matin, en ce jour de la fête de saint Sabas le Sanctifié, on a entendu la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui nous appelait à Lui, afin de Le connaître, en partie dans cette vie, et ensuite pleinement, dans l’éternité: « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.» (Mathieu 11 – 28); « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur.» (Mathieu 11 – 29) Nous ne savons pas – mais le père spirituel de mère Rafaela le sait sans aucun doute – à quel moment cette parole de notre Seigneur Jésus Christ a pris racine dans la vie de mère Rafaela. Il y a treize ou quatorze ans, cet appel a décidé mère Rafaela à quitter sa famille, sa maison et sa ville natale pour partir au loin, à l’autre bout du pays, afin de devenir moniale dans le monastère de Saint Silouane, qui se trouvait à l’époque non loin de la ville de Craiova. Par la suite, Dieu a béni que la communauté reparte près de la ville natale de mère Rafaela. Elle a suivi, dans sa vie monastique, comme se doit de le faire tout moine et tout chrétien, l’appel du Seigneur: « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.» (Mathieu 11 – 28)
Mère Rafaela est née au Ciel, et si ce qu’elle a compris de cet appel de Dieu comme étant sa vocation était inaccompli, aujourd’hui elle le comprend de manière accomplie. Mère Rafaela comprend maintenant pourquoi elle a répondu à l’appel de notre Seigneur Jésus Christ et elle se réjouit du repos éternel, selon la promesse de son conseiller céleste, notre Seigneur Jésus Christ.
En ce jour de la fête de St Sabas nous avons également écouté une parole du saint apôtre Paul de l’Epître aux Galates. J’aimerais vous lire une partie de cette parole, et ceux qui, parmi vous, ont connu mère Rafaela – et certains, vous l’avez bien connue -, vous allez sûrement la retrouver dans ces paroles énoncées par le saint apôtre Paul, paroles qu’il a voulues poser à la racine de l’âme de tout chrétien de son temps et de tous les temps. Frères, dit le saint apôtre Paul, le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi, pureté. L’apôtre Paul continue et vous aussi vous pouvez essayer de retrouver mère Rafaela dans ses paroles. Or ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir. Ne cherchons pas la vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous enviant mutuellement. Frères, mais dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même car tu pourrais bien toi aussi être tenté. Les moniales qui ont partagé la vie de mère Rafaela pendant près de quinze ans ou moins, vous, les laïcs, qui l’avez connue, les membres de sa famille tout particulièrement, ainsi que ceux qui avez pu partager un moment avec elle, je pense que vous l’avez tous retrouvée dans
les paroles du saint apôtre Paul. Portez les fardeaux les uns des autres, et accomplissez ainsi la Loi du Christ. Les moniales savent très bien quels efforts déployait mère Rafaela pour porter le fardeau, les difficultés et les épreuves de ceux qui venaient vers elle elles savent aussi que dans toute famille on a besoin de personnes qui peuvent porter cette croix, pour que les douleurs, les épreuves et les doutes des uns et des autres soient pris en charge par quelqu’un qui sache les porter plus haut – et dans le cas présent, de quelqu’un qui sache les déposer aux pieds du Seigneur. Les nombreuses personnes qui, fatiguées spirituellement, ont cherché un peu de repos au monastère de Saint Silouane, ont trouvé chez mère Rafaela une écoute attentive. Elle avait une réelle disposition pour pénétrer à l’intérieur des âmes épuisées et fragmentées, ce qu’elle faisait avec beaucoup de délicatesse, de discrétion et d’humilité, mais aussi avec beaucoup d’efficacité, car elle réussissait à recoller les morceaux. Ces personnes repartaient édifiées dans leur âme et leur esprit, se sentant beaucoup plus à même de porter la croix de leur vie.
En portant ce fardeau, mère Rafaela a faibli de plus en plus et maintenant elle est née au Ciel, mais à notre avis beaucoup trop tôt. Elle était comme un cierge qui a donné beaucoup de lumière autour d’elle, mais qui s’est brûlée elle-même petit à petit, et ainsi ce cierge a terminé son passage dans ce monde.Maintenant elle se réjouit dans la lumière de la Résurrection, malgré la tristesse de sa famille biologique et de sa famille spirituelle – la communauté monastique, mais également la famille chrétienne élargie représentée par cette paroisse (Paroisse de la Naissance de la Mère de Dieu, Talpalari, se trouvant à côté du Monastère Saint Silouane, Note du Traducteur), ou encore tout ceux qui l’ont connue. Leur tristesse est grande, mais notre confiance en la Résurrection du Christ l’est encore plus.
Que Dieu lui accorde le repos éternel, qu’Il réconforte la communauté, qu’Il console sa mère, son père, son frère est ses sœurs biologiques et spirituelles, ainsi que mère Silouana, et tous ceux qui l’ont connue! Priez pour elle, allez allumer un cierge sur sa tombe – au monastère de Frumoasa, portez-la dans votre amour, dans votre consolation, dans votre pardon et dans vos prières aujourd’hui et demain et dans les siècles des siècles.
Amen.